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Fondation de la Caisse d'économie des policiers de Montréal en 1946

Janv.14

Pour souligner le 75e anniversaire de fondation de la Caisse en 2021, nous vous proposons un petit voyage dans le temps à travers nos chroniques mensuelles qui présentent les grands jalons historiques de l'évolution de notre belle coopérative policière. 

Découvrez notre première chronique portant sur la fondation de la Caisse d'économie des policiers et policières en 1946.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Un projet rassembleur

 

Le mouvement des caisses d’économie à travers les siècles a contribué à élever les peuples socialement, économiquement et spirituellement. Il est imprégné d’idéalisme et lance parfois la semence d’une autre entreprise coopérative. Il était évident à nos fondateurs autant que pour nous que les programmes de charité ne sont pas la solution à la pauvreté, mais plutôt prolongent cette mauvaise condition en ne fournissant à l’individu aucune initiative. » 

 — Guy L. Moisan 

 

LA CAISSE D’ÉCONOMIE DES POLICIERS DE MONTRÉAL : UN PROJET RASSEMBLEUR

C’est au cours de l’année 1945 que l’idée de fonder une caisse d’économie s’installa peu à peu dans la tête d’une quinzaine de policiers. Conscients du bien-être qu’ils procureraient aux leurs, ces policiers jetèrent les premières bases de l’organisation d’une caisse d’économie. Leur but : faire fructifier leurs épargnes, obtenir une source de crédit à des taux raisonnables pour éviter qu’ils ne se retrouvent entre les mains de prêteurs douteux et toujours plus coûteux

Le conseil de direction de la Fraternité canadienne des policiers, section de Montréal, nomma alors le lieutenant Jean-Paul Lapointe comme organisateur de la Caisse d’économie des policiers. Lors d’une première rencontre, huit des quinze participants qui se prononcèrent en faveur de la fondation d’une caisse d’économie remirent chacun 5,00 $ au lieutenant Lapointe qui, avec ce capital initial de 40,00 $, fut chargé d’organiser une caisse d’économie. En peu de temps, il prépara une constitution, fit souscrire des parts par plus de 200 membres et soumit à l’approbation du gouvernement les documents nécessaires à l’organisation de la coopérative financière policière.

Le 8 octobre 1945, les documents étaient déposés dans les archives du Secrétariat de la Province tel que l’atteste la Gazette Officielle du Québec du 24 novembre 1945. La Fraternité mit immédiatement à la disposition de la Caisse un premier octroi ainsi que de l’ameublement nécessaire pour entreprendre les opérations. 

Une première assemblée de la Caisse, présidée par M. Roger Lavigueur, fut tenue le 3 janvier 1946 dans les bureaux de la Fraternité canadienne des policiers au 415 Ste-Catherine est.  Les règlements de base furent adoptés ce qui permit d’opérer en vertu de la Loi des syndicats coopératifs de Québec. À cette même occasion, l’assemblée nomma un conseil d’administration.Le directeur du Service de Police de Montréal de l’époque, M. Fernand Dufresne, avait déclaré à cette occasion qu’il voyait d’un bon œil cette décision des membres de son service de prendre leur destinée économique entre leurs mains. Il accorda alors du temps au secrétaire-gérant pour s’occuper des affaires de la Caisse, qui n’était alors ouverte que le vendredi après-midi de 13 h à 17 h. De plus, il concéda un petit local d’une superficie approximative de 150 pieds carrés juste en face du poste 1 dans l’ancienne annexe de l’hôtel de ville ainsi que quelques meubles essentiels et un vieux coffre-fort.

 

DES DÉBUTS MODESTES ET DIFFICILES

Une certaine réticence se faisait sentir chez les policiers. Comme toute nouveauté, le concept de caisse d’économie ne soulevait pas l’enthousiasme chez tous les policiers. Plusieurs doutaient de sa réussite et craignaient d’investir des économies durement gagnées et de les perdre. La distance que devaient parcourir les membres répartis aux quatre coins de la ville pour venir déposer à leur épargne et faire les remboursements sur leurs prêts en rebutait plusieurs.

Les dépôts se faisaient rares tandis que les demandes de prêts abondaient. Avec l’approbation de l’exécutif de la Fraternité des policiers de Montréal, son président, M. Jean-Paul Lapointe, déposa quelques milliers de dollars à la Caisse, l’aidant par ce geste à répondre plus adéquatement aux nombreuses demandes d’emprunts. Pendant seize mois, la Fraternité a absorbé les dépenses encourues par les directeurs de la Caisse.

La campagne de recrutement lancée au début de septembre 1946 apporte à la Caisse des adhésions précieuses, dont l’entrée en bloc de l’état-major de la police municipale. Le directeur Fernand Dufresne et son état-major deviennent sociétaires de la Caisse, qu’ils estiment être l’une des plus belles initiatives de la Fraternité : « Nous devons féliciter la Fraternité, a déclaré M. Dufresne aux administrateurs de la Caisse, d’avoir songé à organiser une telle œuvre, tant pour habituer les officiers et agents à épargner sur leur salaire que pour les secourir à même le fonds commun et à un taux très bas, quand pour un motif ou un autre, l’un d’eux tombe dans la gêne. Une telle caisse aurait dû être organisée il y a douze ou quinze ans. Et aujourd’hui, nous n’aurions pas à déplorer le départ forcé de quantité d’excellents policiers incapables d’honorer leurs dettes parce qu’incapables de trouver un organisme de prêts désireux de les aider. »  Le chef  policier faisait ces commentaires en signant sa carte d’entrée dans la caisse : «  Je suis fier de devenir l’un de vos sociétaires, a-t-il continué. Et j’engage fortement chaque officier et agent à suivre cet exemple. Qu’ils songent à l’avenir. Nous sommes peut-être dans les sept années d’abondance. Qui pourra prédire notre sort dans les sept années de disette? »

Le directeur-adjoint Alfred Bélanger a abondé dans le même sens en s’inscrivant lui aussi au livre de caisse : « Il me fait plaisir d’apporter mon propre témoignage de félicitations à la Caisse et à ses dirigeants. Que l’on se reporte aux saisies de salaires, poursuites judiciaires, sanctions légales, subies par plusieurs policiers depuis trois ans et que l’on compare cet état de chose déplorable à la période qui s’étend depuis le 3 janvier dernier, date de la fondation de la Caisse. L’on verra alors les bienfaits énormes accomplis en un laps de temps aussi bref par la Caisse d’Économie des Policiers. L’on verra que quand les policiers veulent s’en donner la peine, ils peuvent pratiquer l’épargne et faire servir ces argents à l’avantage de leurs confrères tout en en retirant eux-mêmes un profit substantiel.»

Au terme de sa première année d'existence, la Caisse enregistre un actif de 25 750,49 $.

 

PREMIERS SOCIÉTAIRES ET DIRIGEANTS

Les dix premiers sociétaires inscrits dans les livres de la Caisse sont :

  • Roger Lavigueur 

  • Armand Morin

  • Géo.-A. Cookson

  • Jean-Paul Lapointe

  • Amédée Comète

  • Alphonse Paul

  • Edgar Guimond

  • Géo.-E. Paquette

  • Jacques G. Lajoie

  • Albert Baril​

Le premier conseil d'administration est composé de :

MM. Georges Paquette (président), Amédée Comète (vice-président), Armand Morin (secrétaire-gérant), Edgar Guimond et Audéal Jetté (directeurs); la commission de crédit, de MM. Louis A. Pharand, Robert Désormeaux et Jacques Gérin-Lajoie; le bureau d'audition, de MM. Albert Baril et Lionel Poupart.

 

À propos de la photo : Revue des agents de police – octobre 1946 - Adhésion des officiers 

En compagnie du directeur Fernand Dufresne, l’état-major de la police de Montréal s’est rallié en bloc à la Caisse d’Économie des Policiers, une des belles initiatives de la Fraternité. On voit ci-haut le dir.-adj. Alfred Bélanger (assis) en train de remplir la formule requise pendant que l’entourent, de gauche à droite : le sergt-dét. A. Comète, vice-prés. de la Caisse; les insp. Frank Dumoulin (nord), Francis Rawley (ouest) et Alphonse Cantin, chef de la sûreté ; l’insp.-adj. Joe Lévesque (est) ; le dir.-adj. Charles Barnes ; l’insp. T.-O. Leggett (circulation) et le sergt-dét. Armand Morin, gérant de la Caisse.

 

Pour en savoir davantage, consulter notre revue historique parue en 2016 lors du 70e anniversaire de fondation de la Caisse en cliquant ici

 

Bonne lecture !